SAMAKAG VOUS PARLE (n°01)

L’homme noir, l’écriture et l’histoire

Ce sont les évènements, négatifs ou positifs, religieux ou profanes, culturels ou politiques, sociaux et/ou coutumiers, qui se produisent aujourd’hui et qui, demain, constituent l’histoire. En guise d’exemple, cette pandémie du coronavirus, ses effets positifs comme négatifs, les morts qu’elle a occasionnés, les changements de comportement, entre autres, rentreront à jamais dans l’histoire de l’humanité. Il est donc primordial que nous nous posions la question: En quoi écrivons-nous l’histoire ? C’est-à-dire qu’est-ce que nous, aujourd’hui, en tant que jeunes, intellectuels, africains… faisons de concret pour laisser des traces sur les évènements qui rythment notre quotidien. Ces traces peuvent être écrites, audibles, visibles et artistiques, etc.

Si nous parlons littéralement d’écriture, nous connaissons tous les citations faisant référence au lien entre les africains et les textes écrits.

« En Afrique, un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle. » Amadou Hampaté BÂ.

« La meilleure façon de cacher quelque chose à un noir est de la mettre dans un livre. » Dee Lee.

Quoique la première citation soulève l’importance des aînés dans la culture noire, elle relève tout comme la deuxième citation, le mauvais côté du lien entre le noir et les textes écrits. À l’échelle de l’histoire, ce faible lien est récent car nos ancêtres, les égyptiens, ont relaté leur histoire par des transcriptions écrites, sources de savoir pour toute l’humanité. Moïse lui-même n’était-il pas instruit – et heureusement pour nous – dans toute la sagesse égyptienne ? Cette instruction acquise dans toute la sagesse pharaonique a fait de ce Moïse, l’auteur du Pentateuque. Ce sont ces livres qui nous rapportent l’existence d’un Dieu qui a tout créé par sa puissance et pour son amour, dédié au peuple qu’il s’est choisi pour le don de la vie éternelle. Aujourd’hui, nous n’aurions pu rien savoir sur cette époque et sur les cinq livres écrits par Moïse, si l’écriture et la lecture avaient été négligées.
C’est à la suite de la chute de la civilisation égyptienne que les noirs ont perdu ce savoir-faire et sont retombés dans la pratique de la transmission orale.

Après la période sombre de l’esclavage et de la colonisation, le récit qui s’en est suivi est raconté, relaté, pour la plupart, par les esclavagistes et les colons. Ce qui, à mon avis, peut manquer de vérité et de justice, car cette histoire racontée la serait au plaisir et au bon vouloir de celui qui la raconte. Mais quand le peuple noir a réappris à écrire et à lire, la vraie histoire de cette ère sombre a eu des corrections et modifications qui, non seulement ont remis en cause les premières narrations, mais y ont également apporté plus de lumière et de vérité. Étant donné que les vieilles habitudes ont la peau dure, les noirs ont eu du mal à se réapproprier la culture de l’écriture. Cependant des figures noires ont milité et militent encore pour la vulgarisation de la culture des textes écrits. Ce qui est le mobile de ce texte.

Mais, ce combat n’est pas terminé que voilà venue l’ère des réseaux sociaux où la rigueur dans les écrits semble être facultative; où la communication orale revient à la page à cause des facilités inhérentes. Si nous ne prenons garde, nous risquons de retomber dans le vice ou plutôt le cliché du « noir et son lien faible avec l’écriture ».

Il est important de remarquer que l’ère du numérique vient avec l’ère de l’abondance. Non seulement les écrits sont abondants, et pas nécessairement pertinents, mais aussi, ces textes ne sont (le plus souvent) pas conservés, ni par leurs auteurs ni par bon nombre de leurs correspondants. Il serait donc difficile d’en disposer dans le futur, au moment de constituer les textes qui relateront notre histoire; car, il faut le rappeler, c’est la somme des histoires personnelles des contemporains qui constitue l’Histoire de leur époque.

Donnons à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ! L’internet est une création de l’Occident; un outil très puissant mais qui reste une « propriété privée » occidentale. Et comme propriété, l’Occident contrôle, collecte et met tout ce qui s’y passe dans une banque de données. Ceci permettra que, demain, ce même Occident puisse encore réécrire – et ceci pour une deuxième fois – notre histoire selon son goût, et sa propre sauce. Voici des éléments de réponse si vous vous demandez où je voudrais en venir:

  1. Serons-nous prêts encore à laisser la transmission de notre histoire à un tiers, qui:
    a. refuse déjà d’admettre notre éveil intellectuel du temps de l’Égypte antique;
    b. refuse d’assumer les torts qu’il nous a causés et continue de nous causer ?
  2. Que diraient de nous nos ancêtres égyptiens ?
  3. Et plus important encore, que sauront les prochaines générations de nous, si encore on laisse l’autre écrire notre histoire ?
  4. Les prochaines générations auront-elles encore la bonne version de l’histoire ?

L’homme qui ne connaît pas l’histoire est condamné à répéter ses erreurs, mais l’homme qui connaît mal son histoire est très certainement perdu en plus d’être condamné à répéter les erreurs du passé. Ceci dit, de nos jours, l’écrit n’est la propriété privée de personne, c’est juste un outil accessible aux audacieux qui s’en servent pour perpétrer leurs idées et/ou narrer des faits qui, demain, constitueront l’histoire pour les prochaines générations.

A qui veux-tu confier cette noble tâche ? J’attends avec impatience ta contribution dans les commentaires.


Article en date du 24 avril 2020 | Repris de notre ancien blog

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